Fuck The Life, par Luce

Luce inaugure son Carnet de brouillons avec mon diptyque. Je suis trop fière

Voici la photo à illustrer d'un texte
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Photo de Hughes Léglise-Bataille, ici

Je bénis les vitres fumées de la voiture qui me cache à cette foule. Il sont venus voir les stigmates du scandale sur mon visage. Ils aiment ce qui puent, ils s'en délectent tel des chacals. Mais je ne leur ferais pas ce plaisir.
Je les regarde derrière les grilles. Qui est l'animal qu'on enferme ? Ils sont au zoo, venus en famille. Certains d'entre eux ont peut être apportés des cacahouètes à jeter au singe que je suis.

Avant, il n'y a pas si longtemps, ils étaient là, les mêmes, à hurler mon prénom, certaines jeunes filles en défaillaient, j'étais leur idole. Mais depuis le drame (comme ils disent), ils me honnissent. On dit que les stars sont des putes, mais c'est le public qui se prostitue.

Dire que dans quelques minutes, les grilles vont s'ouvrir et la voiture va devoir fendre cette foule. Si elle pouvaient en écraser quelques uns ! Je les hais, je les méprise. Dire que j'ai chanté pour ces ploucs ! Je m'en fou, qu'ils aillent au diable.

Je suis passé du rang d'idole à celui d'ennemi public numéro un. Mais je suis le même. Qu'est ce qu'ils croient ? Ils ont aimés pendant plusieurs années un dépravé, j'avais déjà le crime qui coulait de mes veines quand je leur chantais des bluettes. Les naïfs imbéciles qui s'imaginent qu'on est ce qu'on chante. C'est de leur faute s'ils sont choqués, s'ils sont déçus, ils n'avaient pas à être si cons.

Mais plus que le meurtre, ce qu'ils ne me pardonnent pas c'est mon absence de regret. J'ai tué un homme oui, je vais surement aller en taule pour le reste de ma vie. Mais je ne regrette pas. Ce qu'ils ignorent, c'est que je me suis libéré d'eux en même temps que du salaud qui a vécu sur mon dos toutes ces années. Je n'en pouvais plus de leur idolâtrie. S'il l'avait compris, lui, le mort, il m'aurait laissé partir, il m'aurait laissé mourir. Au lieu de ça, l'imbécile à voulu s'interposer entre moi et l'arme. Il a voulu sauvé la poule aux œufs d'or. Le coup est parti et c'est lui qui est mort. Je m'en fou, moi je suis mort depuis longtemps de toute façon.

Je n'ai pas peur de ce qui va advenir. Aller tiens, finalement je baisse la vitre fumée pour une dernière photo, régalez vous, charognard ! Fuck the life