Rendez-vous, par Lyjazz

James et Ilona, pendant cet hiver-là, ont pris plaisir à se retrouver dans la ville. Comme s'ils revivaient des moments précieux de leur jeunesse.

J'ai déjà dit leurs yeux de stupre et leurs doigts fébriles, lorsqu'ils ont renoué.

Rien en commun. Trop de séparation. Trente ans, ce n'est pas rien. Mais le souvenir d'heures douces et intenses, de plaisir de la chair libre et inventif.

Ce qui suffisait à les combler d'aise. Pour l'instant.

Quelques fois ils se sont vus à l'hôtel.

Mais par une fenêtre météo clémente exceptionnelle en ce mois de janvier ils se sont donnés rendez vous dans le bois de sapin vers 14h. Il faisait chaud, le versant était ensoleillé, le tapis d'aiguilles n'était pas confortable. La longue veste en laine d'Ilona posée au sol a servi d'amortisseurs à leurs genoux lorsqu'ils ont décidé de faire l'amour par derrière.

James avait gardé son chapeau aux larges bords et sa veste de cowboy en toile épaisse. Ilona avait juste remonté sa longue jupe.

La marche vers ce coin tranquille, l'idée qu'ils allaient faire l'amour, avaient suffi à les échauffer.

Ils s'étaient embrassés goulument, léchés un peu, frottés contre les arbres. En accord avec la nature. Tous leurs sens en éveil, sensibles à la douceur inespérée de l'air, aux odeurs de résine et d'humus, aux bruits du bois.

James, n'y tenant plus, avait collé la belle Ilona contre le tronc d'un pin, lui avait d'abord enfilé un doigt pour la surprendre, avant de l'empaler de son vit.

La position, quoique délicieusement prometteuse, l'avait vite fatigué.

C'est ainsi qu'il s'étaient retrouvés sur la longue veste dans les aiguilles de pin.

Pour être de nouveau remplie, Ilona avait demandé le quatre pattes. Et les voilà feulant et s'activant, tout à la concentration des sensations en eux, dans le rythme.

Ils avaient d'abord été surpris par la course d'un écureuil.

Puis, à l'acmé, une détonation.

James était tombé. Visage extatique.

Ilona l'avait recouvert de son chapeau. Avait croisé ses mains sur son torse. Tel un cowboy endormi.

Au loin on entendait le train.

Ilona est redescendue seule.

Toutes les histoires sont vraies. Surtout celle-là. Ainsi va la vie.

ooo

Ceci est la participation de Lyjazz au diptyque 5.4. La photo est de Michel Clair dont une précédente photo, utilisée déjà dans un diptyque, lui avait inspiré ce texte.