Madame ou mademoiselle ? (Va ch... connard)

Oh ! excusez-moi, c'est parti tout seul... Il y a des réflexes comme cela contre lesquels on ne peut pas grand chose. Enfin, vous voilà prévenus.

Tarquine s’emporte, et elle a bien raison, contre l’Ipsosorus dinosaurus, qui demande aux sondés leur position dans la famille : chef de famille, conjoint de chef de famille, autre…
Elle précise à juste titre que la notion de chef de famille a disparu depuis la loi du 4 juin 1970. Ça ne date pas d’hier (dans le même genre de loi ancienne et jamais appliquée, les devoirs à faire le soir à la maison pour les enfants du primaire sont interdits depuis 1958…) Là-dessus, son Altesse Sérénissime PrincessH peste contre le sexisme de la langue française (et de son administration) qui ne demande rien sur le statut de Monsieur mais qui exige des femmes qu’elles leur précisent si elles sont encore des Mademoiselles ou si elles sont enfin devenues des Madames.

Cela m’a rappelé quelques souvenirs.

Je crois que Tarquine ne me contredira pas, si je dis que le fait de prendre le nom de son mari n'a jamais été dans la loi, mais bien un usage. Il me semble bien avoir appris ceci lors de mes cours de droit en première année. Un usage qui a eu force de loi, il faut croire.

Nous n'avons, aux yeux de la loi, qu'un seul nom, celui de notre naissance. Sur nos cartes d'identité, il n’y a pas si longtemps, était inscrit Mme Tartempion (nom dit de jeune fille) épouse Trucmuche (nom du mari). Maintenant, on a le choix de le faire inscrire ou pas. Ma carte d’identité ne porte que les mentions Akynou Racontars et ne précise pas que je suis mariée et encore moins à qui.
Quand j'étais jeune (et belle) et que je jouais les assesseurs dans les bureaux de vote les jours d’élection, je m'ingéniais à appeler les femmes par leur nom et non par celui de leur mari. Certaines étaient touchées (notamment une dame assez âgée à qui cela a fait vraiment plaisir). D'autres prenaient la mouche et précisaient illico le nom de leur époux. Ce à quoi je répondais d'un royal :
– Madame, votre vie privée ne me regarde pas...
Ce qui leur clouait le bec, ainsi qu'aux autres assesseurs d'ailleurs.

Comme PrincessH, cette question m'énerve toujours autant et il est rare que j'y réponde. Mais il est de plus en plus rare qu'on me pose la question. Vu mon grand âge, on m'attribue d'emblée un Madame qui ne me gêne pas. Il ne me gênerait pas plus si je vivais en concubinage ou si j’étais célibataire.
Juste avant et juste après mon mariage, j'ai mis très vite les points sur les i avec mon employeur dont les employés zélés avaient tôt fait de vous modifier le nom toute femme qui changeait d’état civil. L'employée de la DRH ne voulait rien entendre, je lui ai faxé la page de garde de mon livret de famille et je lui ai dit que si mes feuilles de paie devaient être au nom de mon mari, je lui faisais un tel scandale qu’elle aurait du mal à s’en remettre. Elle a dû me croire sur parole, car le nom du Nôm ne figure sur aucun document, ce qui n’est pas le cas de mes consœurs moins pugnaces.

J'ai eu, quand je me suis mariée, les impôts en travers de la gorge aussi. Moi qui faisais depuis des années mes déclarations toutes seules, à mon nom, me voire disparaître au profit du Nôm, ça me mettait en rage. Mais le pire a été avec les allocations familiales. La deuxième année, j'avais trouvé malin, comme c'est moi qui ai des revenus et non mon mari, de faire la déclaration d’impôt comme Moi déclarante, LUI conjoint. Les impôts n’y ont rien vu de mal. Mais les allocations familiales, qui vérifient la situation des allocataires en ayant accès aux déclarations d’impôts, nous ont mis dans un beau pétrin. Ils ont vu que le déclarant travaillait, ne se sont posé aucune question : pour eux, le déclarant était forcément l’homme. Donc ils ont cru que le Nôm avait retrouvé du boulot et nous ont sucré derechef et sans prévenir l'allocation parentale d'éducation. Arrrrggggg !!!!! Trois mille francs en moins d'un coup ! Cela nous a fait d’autant plus mal que l’allocation nous a été supprimée en juillet, en pleines vacances et que nous ne nous en sommes rendu compte qu'en septembre. Et il nous a fallu pas moins de cinq mois pour les faire revenir sur leur décision et prouver par A+B=X que mon mari ne travaillait pas. C’était kafkaïen d’ailleurs, car pour le prouver on nous demandait une attestation de l’employeur de mon mari, qui n’en avait pas vu qu’il était chômeur en fin de droit avant d'être papa poule. On nous a alors demandé une attestation des Assedic qui nous l’ont refusée puisque mon mari ne touchait plus rien de leur part depuis deux ans.
En fait, nous avons fait intervenir une amie assistante sociale de la Sécurité sociale. Sinon, je crois que nous y serions encore. Autant dire que depuis, j’ai arrêté de faire la maligne.
Mais les allocations familiales continuaient de m’envoyer tous les courriers au nom de mon mari. J’ai fait quatre ou cinq lettre vengeresses demandant qu’on me redonne mon nom. Et puis un jour, j’ai téléphoné pour un tout autre problème. Je suis tombée sur un type tout à fait charmant et compétent. Et quand je lui ai fait par de mon soucis concernant mon identité, il a rectifié la base de donnée. Ça a pris… deux minutes.
Maintenant, tous les papiers sont envoyés à nos deux noms. Et ce n’est pas plus mal.

Pour celles et ceux qui se posent de nombreuses questions sur les noms de famille, les madame et les mademoiselles, lire l'article – parfait – de Me Eolas

Cela dit 1, il y a des femmes qui se font une joie de bientôt porter le nom de leur promis. Et je suis bien contente qu'elles le puissent puisqu'elles en ont envie. C'est comme cela que ma sœur a changé quatre fois de nom de famille et que nous avons un peu de mal à nous y retrouver. Et elle a l'air de le vivre très bien. Ce qui l'ennuie, c'est d'avoir épousé des imbéciles dont elle a dû ensuite divorcer, pas de changer de nom. Mais bon. On peut aussi trouver chaussure à son pied...
Cela dit 2, vous avez vu le projet de carte d’identité et de passeport sécurisé qu’on nous concocte. La carte d’identité serait à nouveau payante et le coût passeport augmenté.Je croyais nos cartes d’identité sûres… Jusqu’où irons-nous comme ça ? A quand la puce électronique dans le bras…
Cela dit 3, mon mari regarde Chirac à la télé tout en écoutant les compte rendu des match de foot de l'UEFA... Je me demande bien ce qu'il retiendra de tout ça...