Le 16 août, retour à Lisbonne 3

Donc, pas de Belém, pas de Jeronimos. Reste le tramway et les pieds. Avec ça, nous sommes les rois du monde. Nous nous dirigeons vers le Chiado, puis redescendons vers la praça do Comercio. Au départ du tramway rouge qui fait le tour des sept collines de la ville, il y a foule. Et le tram (un seul) ne prend que 25 personnes. Mais nous faisons la queue tout de même. Tant qu’à faire de jouer les touristes, autant y aller à fond. Puis j’avise, de l’autre côté de la place – qui est immense – un autre tram rouge. Peut-être un deuxième circuit ? Non ! c’est le bureau de renseignements. J’apprends que le tour en tram est de 17 euros pour les adultes et 8,50 pour les enfants, à payer directement auprès du conducteur, donc, évidemment, en liquide. Pour nous, c’est mort, d’autant que je refuse de payer 60 euros pour une balade dans un tram bondé. J’ai une solution beaucoup moins onéreuse. J’achète un billet journalier Carris qui me donne un accès illimité aux trams, au bus et même au métro pour un pris défiant toute concurrence : 19 euros pour… toute la famille.

Lisbonne en tram


Et nous voilà partis, ligne E28 d’abord que nous avons faite en long en large et en travers. Léone en a profité pour faire sa sieste – c’est qu’il fait beau et presque chaud maintenant – pendant que Lou et Garance font les zouaves. J’en profite pour squatter l’appareil photo de Lou, le mien étant tombé en rade de batterie. L’E28 a l’immense mérite de traverser plusieurs quartiers, comme le Chiado, la Baixa, la Mouraria et l’Alfama.

Lisbonne en tram


De retour sur le Rossio, nous avons sauté dans l’E12 qui nous lâchera, une demi-heure plus tard, sur une place voisine, même pas besoin de prendre le retour. De là, nous prenons l’E15 vers Belém car, même si nous ne pouvons visiter les monuments, nous avons envie de voir à quoi ils ressemblent. Nous traversons les quartiers qui longent le Tage. Nous passons sous le pont du 25-avril qui est si haut qu’il me donne le vertige alors que je ne suis pas dessus.

Lisbonne en tram


A Belém, le vent souffle fort. Nous longeons les Jeronimos, chef d’œuvre de l’art Manuelin que je ne regrette pas de ne pas avoir visité, ce sera pour une prochaine fois. Nous nous rendons au pied du monument des Découvertes qui rassemble tous les plus grands marins portugais à travers les siècles (et il y en a), Henri le Navigateur en tête. Les autres, je ne les ai pas bien reconnu, il faut dire que nous ne sommes pas aussi intimes qu’avec Henri dont j’ai vu le tombeau à Batalha. Alors, il paraît qu’il y a Vasco de Gama, Cabral, Magellan sans oublier Afonso V, Manuel Ier, Luis de Camoes (celui-là je le reconnais à son livre), etc. Il paraît que les Lisboètes, à la vue de la farandole de personnages qui se suivent, ont appelé cette tour « Poussez pas derrière ». Le bâtiment n’est pas sans ressembler à certaines constructions mussoliniennes ou staliniennes. Il a été construit sous l’égide de Salazar dans les années soixante. Comme quoi, d’un dictateur l’autre, quelle que soit l’époque, l’architecture à plus que des points communs. Un certain rêve de grandeur dira-t-on…

Quartier Belem


Avec les filles, nous jouons un moment à la marelle sur la carte du monde dessinée sur le sol devant le monument. Je montre les Antilles, Lou marche avec bonheur sur son chez elle. Elle trouve le Portugal tout petit. Elle le situait au Royaume-Uni. Ses notions de géographie sont on ne peut plus approximatives, d’autant que même s’il ne fait pas très chaud, on est loin de la brume anglaise.

Quartier Belem


A propos de pluie, si nous ne nous dépêchons pas de rejoindre l’arrêt de bus, nous allons nous faire saucer grave. Les nuages sont noirs, menaçants et arrivent à toute allure. Nous avons de la chance : le bus 28 qui va nous conduire à la gare est là et nous attend. Nous avons à peine grimpé à bord que la pluie claque drue sur le toit.

La semaine passée, c’est un 28 qui nous avait fait tant rire avec son « Yiiiiiiiii haaaaaaaa ». Celui-ci est quelque peu différent : quand il démarre, il commence par ahaner un « haaaaaaa » poussif pour finir soulagé par un « hiiiiiiiii ». Les filles et moi sommes mortes de rire. Je rigole jaune par contre quand le chauffeur, qui fonce, freine pour s’arrêter. C’est un freinage spécial pluie qui fait chasser l’arrière du bus à accordéon. Bon, ben on va dire qu’il fait ce métier depuis longtemps et qu’il doit savoir ce qu’il fait. Nous descendons à Santa Appolonia. Je préfère cette petite gare à Oriente où j’ai peur de galérer une fois de plus.Je tombe sur une guichetière adorable qui me vend mes cinq billets et prend ma carte Euro*card. Chic, je vais pouvoir garder un peu de monnaie. Sauf que c’est sa machine qui n’en veut pas. Je suis maudite. Heureusement, elle prend celle du Nôm sans rechigner. Ouf ! Le train est prévu à 21h14 et il est à l’heure. Nous nous installons. Le Nôm et moi sortons chacun notre Ipod. Il faut dire que nous sommes un peu fatigués des filles qui jacassent, piaillent et s’engueulent carrément. Parent, c’est un métier épuisant pour les neurones.

Evidemment, cela ne se passe pas tout à fait comme nous le voulons. Il faut dire que j’ai la bonne idée de faire écouter aux trois la chanson de Dick Annegarn, Ubu, que je fredonne depuis plusieurs jours et qui bien sûr les amuse beaucoup : il avait un tout petit zizi… » Elles réclament ensuite les écouteurs de leur père.Et ça se termine avec Garance qui écoute le ipod de papa, Léone et Lou qui jouent avec le mien pendant que j’écoute le reste du disque du Tribute à Annegarn par des chanteurs aussi variés qu’Arthur H, Jeanne Cheral.

Nous arrivons. Il faut réveiller Garance qui a fini par sombrer. Nous récupérons la voiture et rentrons. Le Nôm prépare une plâtrée de pâtes que les filles engloutissent au chaud et en silence dans la maison. Il a beaucoup plu semble-t-il ici. L’air est frais et je suis la seule à manger dehors, sur la terrasse où je reste ensuite pour charger les photos sur le ipod et sur l’ordi. Même les mouches ont trop froid pour m’emmerder. Mais je n’ai pas le courage de rester longtemps. Une bonne douche et puis dodo…