Pfiou, vous avez regardé mon calendrier de mars ? J'en ai vu de plus rempli. Il y a beaucoup de cases blanches. Difficile de se remettre au boulot après avoir arrêté quelque temps. J'en discutais justement ce matin. J'ai eu du mal à l'expliquer. Mais c'est un fait : quand je stoppe mon blog, pour quelque raison que ce soit, j'ai un mal fou à le réinvestir. Je triche, je fais du remplissage avec des photos ou des jeux. Mais comptez les vrais posts ce mois-ci, ils ne se bousculent pas.
Il me faudrait une plus grande rigueur, me dire qu'obligatoirement, j'écris deux heures par jour. Deux heures par jour, ce n'est rien, deux heure sur vingt-quatre. Mais comme j'aimerais que mes journées en fassent le double, pour moi, c'est le bout du monde. Et puis j'écris rarement le soir. Je peux finir une note, la peaufiner, mais jamais l'initier.
Je suis trop fatiguée pour cela. Parfois, je passe des heures à lire les autres, d'autres fois, je ne fais rien. Je comate devant mon ordinateur, je bidouille en attendant l'heure de rejoindre mon bain, puis mon lit. Je me dis que j'ai des choses à faire, des choses à construire. Je pourrais par exemple commencer à regarder sérieusement comment installer Racontars sous Dotclear. Mais le courage me manque, totalement ! Un sentiment de : Ah non, pas ce soir, j'ai déjà eu mon comptant de prise de tête pour la journée.
Je ressens de temps à autre ce même découragement quand j'arrive chez certains. Des blogs que j'aime pourtant visiter, où je m'installe comme chez moi pour fureter partout, renifler l'humeur du moment, me rassasier des mots des sensations des colères et des joies des peines ou de ces petites choses qui semblent si anodines mais arrachent un sourire ou laissent un étrange goût d'amertume sur la langue. Ces lectures demandent une énergie que je n'ai pas toujours. C'est le cas pour Samantdi par exemple. J'ouvre une de ses pages, je vois la longueur de la note, et je me dis : « Non, pas ce soir. Ce soir, je ne peux pas. Je ne peux vraiment pas. Gardons-la pour demain, quand cela ira mieux, quand je serai tranquille... » Pourquoi Samantdi précisément ? Je suis bien incapable de le dire.
Il y a son blog, il y en a d'autres, je ne suis pas en train de distribuer des bons points. Une correspondante demandait dans un mail que l'on vote pour le blog d'une de ses amies, j'ai trouvé l'idée à la fois sotte et grenue. En un mot dérisoire... « Regardez-moi, votez pour moi, j'existe. » Mais non, elle n'existe pas. On existe par ce qu'on écrit, pas par la communication que l'on fait. On pourra toujours développer le meilleur plan com', cela ne rendra pas notre blog ni meilleur ni mieux écrit.
Quelqu'un me faisait remarquer qu'Aude dite Orium apparaissait en tête de mes blogs favoris, alors que ce n'est pas le plus prolixe (d'ailleurs, je trouve qu'elle devrait faire un effort quand même) et que, par conséquent, ce n'est pas celui que je lis le plus. C'est vrai, mais attention, c'est de ma sœur qu'il s'agit. Et pas de n'importe quelle sœur. Quoi qu'elle fasse, elle sera toujours la première dans mon cœur. Parce qu'elle est ma sœur, et puis parce que c'est elle. Que je la connais depuis qu'elle est tout bébé, que je l'ai vue grandir, devenir enfant, puis jeune fille puis femme puis mère... Je sais ses forces et ses faiblesses, ce qu'elle a traversé... Je sais, au plus profond de moi que, quoi qu'elle fasse, elle restera toujours ma petite sœur que j'aime (j'en ai d'autres, des sœurs que j'aime tout autant, et d'autres, c'est moins ça). Aude, elle, est ma chair et mon sang, comme mes filles. C'est de l'ordre du viscéral. En même temps, elle est aussi une copine.
Alors vous comprendrez pourquoi, des fois, j'ai du mal à lire Anitta et que j'ai besoin de forces pour le faire (si vous ne comprenez pas, c'est que vous ne la lisez pas). Les histoires de sœurs, forcément, ça m'interpelle. Je suis en sympathie. En empathie. Je ne m'imagine même pas, je sens, physiquement. Et ça, parfois, c'est épuisant.
Et puis qu'est-ce qu'elle écrit bien la vache.
Pour Samantdi, je ne sais pas encore ses mots me touche autant. Elle aussi écrit merveilleusement bien. Mais je ne crois pas être aussi
sensible à son seul style...
Veuve Tarquine, par exemple, qui vit sa joie (je commence exprès par le mot joie), sa peine, sa douleur au jour le jour, je sais. Je connais la raison pour laquelle, jour après jour, je clique sur le lien qui m'emmène chez elle et pourquoi elle m'émeut infiniment. ça ne tient pas forcément à son histoire. Ni à son écriture qui, pourtant, est belle, précise, parfois presque chirurgicale. Cela tient à sa vie, à sa force. Cette espèce de sauvagerie qui est la sienne, ce côté louve blessée. C'est fort une louve, c'est fidèle au-delà de la mort, ça se bat pour ses petits, ça peut être doux et tellement agressif quant il s'agit de défendre sa tribu, son territoire. Elle ne m'inspire pas de pitié, mais un immense respect et une certaine admiration. Pas cet engouement béat des fans mettant l'objet de leur adoration sur un piédestal - elle apprécierait peu - non, plutôt la reconnaissance de quelqu'un qui se bat et se bat bien. C'est beau à regarder. C'est vibrant. C'est chaud. Il y a du sang dans ses mots.
Mais Samantdi, non je ne sais toujours pas... Je voudrais regrouper toutes les notes dans lesquelles elle parle de sa famille, toutes ces chroniques douces-amères d'un pays, d'un terroir, d'une famille. On découvrirait alors quel formidable écrivain elle est. Elle sait, très exactement, par petites touches légères, raconter une histoire qui vous fait monter une boule dans la gorge et les larmes aux yeux.
Je me rends compte que je n'ai cité aucun blog masculin et que je ne le ferai pas (même si j’ai de grosses faiblesses pour certains).
Ce matin, je discutais avec une femme que je lis depuis longtemps, mais pas sur Internet, dans des journaux. J'aimerais d'ailleurs bien la retrouver dans un blog. Elle en aurait elle aussi des histoires à raconter. Nous parlions d'amitié et de blogosphère... Je ne sais plus ou nous en étions de notre conversation quand elle a eu ce mot : c'est une sorcière. C'est exactement cela. Les femmes que j'aime ou que j'aime lire sont des sorcières. De ces femmes fortes et aimantes, fortes et entières, fortes et chaleureuses, fortes et indépendantes... qu'en d'autres temps, on aurait brûlées puisqu'on ne pouvait pas les soumettre.
Je suis contente de vivre au XXIe siècle, tiens !