Des chateaux en Espagne
Dimanche tranquille

Des chateaux en Espagne
Dimanche tranquille

Des chateaux en Espagne
Dimanche tranquille

Laure
Photos : Laure Colmant
11 septembre 2016
Tome 6 - 18 avril 2004

Ce n’est pas parce qu’on est en vacances qu’il ne faut pas se laisser aller…

223-2315_img_2Ce matin encore, le mal de dos me fait horriblement souffrir. je finis par me lever, ne supportant plus d’être allongée. Le lit sans doute, très mou, ne fait rien à l’affaire. Ce qui n’est pas pour gêner les petites qui en ont marre d‘être couchées et qui aimeraient bien pouvoir jouer.

Je leur prépare leur petit déjeuner sur le mode habituel de « chut : mamie dort ». Peine perdue. Léone claironne, Garance pleurniche à la moindre contrariété. Bref le ton et le son monte entre elles. Un tantinet agacée, j’envisage même de les enfermer sur le balcon histoire de les laisser s’entretuer. Heureusement, je n’ai pas à recourir à cette extrémité. Madame mère se lève… Et tout de suit ça va mieux…

Nous déjeunons en papotant. Nos projets de la journée sont proches de zéro. Le Nôm doit assister à un match de football avec S. pour soutenir l’équipe de Tarragone. Cela lui fera une sortie (il tourne assez facilement comme un lion en cage). Comme il fait beau, nous emmènerons les fifilles à la plage après le déjeuner. « Ouaiiiiiiis » hurlent les fifilles. Un programme au petits oignons pour elles. Elles sont aux anges.

Evidemment, je me garde bien d’embrayer le turbot. J’ai bien droit, moi aussi, à une journée tranquille. Je trifouille l’ordinateur de ma mère, lui montre deux ou trois trucs. Puis nous regardons le deuxième volet des aventures d‘Harry Potter. Je n’ai pas vu celui-là, mais je connais l’histoire puisque j’ai lu tous les livres. J’attends avec angoisse l’épisode des araignées. Déjà, à la lecture, cela m’avait assez dégoutée, je redoute la visualisation. Je ne suis pas déçue. C’est terrifiant. Quand la dernière araignée saute sur la porte de la voiture alors que je crois que les héros sont enfin sortis d’affaire, je pousse un cri. Ma mère me demande ce qui se passe, les filles me regardent en se marrant… « Rien rien marmone-je dans mon absence de barbe. Je me suis fait mal. » Personne n’est dupe, mais tout le monde retourne au film…

Le Nôm doit partir rejoindre S. Il n’a plus le temps d’attendre le repas en retard, comme tous les jours, mais nous sommes en Espagne et en vacances, alors… Il se fait un sandwich et file en vitesse. Je ne suis pas très soucieuse. S. est toujours en retard. Nous nous décidons quand même à préparer le repas, une grosse salade. Garance fait la moue, la salade, ce n’est pas vraiment son truc. Et si on y ajoute en plus un œuf, alors là, rien ne va plus. Il n’y aura pas d’œuf pour elle, elle retrouve le sourire… et puis papa n’est pas là pour la forcer à goûter. De toute façon, lui non plus n’aime pas les œufs. Maman s’en est beaucoup amusée quand elle a fait des tortillas. Elle a exigé qu’il goûte, comme il le fait pour ses filles et sur à peu près le même ton. Il n’a pas pu y couper, quand ma mère lui a dit qu’il devait montrer le bon exemple. Nos trois puces observaient la scène avec un plaisir non dissimulé et une lueur de revanche dans le regard.

Nous nous préparons enfin pour aller à la plage. J’ai un temps menacé les deux petites de sieste, sadique que je suis. Mais j’ai fini par craquer devant leur mine dépitée et elles ont compris que c’était une blague. Depuis, elles sont intenables.

223-2356_img_2Quand nous avons été dans le centre de Tarragone Le Nôm et moi, nous sommes entré chez Imaginarium, le magasin de jouets pour enfants. Ils font des maillots de bains parfaits pour Garance, de la forme d’une combinaison de plongée. Elle est si sensible au soleil, que la plage peut devenir un vrai calvaire pour elle. Elle est constamment obligée de porter un t.shirt, même pour se baigner. Ce qui n’est pas des plus pratique. Avec cette combinaison, elle a tout le corps protégé, nous n’avons pus qu’à lui passer de la crème sur les bras, les jambes et le visage, ce qui limite déjà pas mal les choses. C’est bien la peine d’avoir une gamine métisse pour qu’elle hérite de la peau de rousse de ma mère et craigne autant le soleil.

Comme nous ne voulions pas arriver avec juste un paquet à Garance (les enfants sont parfois assez jaloux entre eux), nous avons acheté une planche à Lou et une pelle à Léone (elle se battait pour la seule pelle appartenant à Garance). Plus une espèce de poisons en mousse plate et ronde dont on peut se servir comme d’un disque à lancer… Jeux de plage. Nous embarquons tout ça dans la voiture. La mer n’est pas loin, mais si on peut s’éviter de porter quelque chose trop lontemps, je ne vois pas pourquoi on s’en passerait. Le tout, c’est de ne pas rester bloqué au passage à niveau. Et pour se garer, le dimanche, c’est sans soucis.

On arrive à la plage, on débale nos petites affaires. Pour changer, les trois puces se déshabillent vitesse grand V, enfilent leurs maillots de bain et filent vers la mer comme des flèches. C’est le grand plouf. Lou teste sa planche, la fait tester à Garance. Celle-ci a retrouvé les palmes et le masque que ma tante lui a offerts l’an passé. Mais il y a trop de courant, trop de grosses vagues. Elle boit la tasse plusieurs fois. Nous lui faisons enlever ses palmes. Elle garde cependant le masque. Puis finit par le déposer.

Léone regarde la mer d’un air à la fois d’envie et de doute. Léone est frileuse. Elle n’aime pas l’eau froide. Elle aime de toute façon moins l’eau que ses sœurs et moins l’eau que le sable. Elle ira tremper ses petits pieds histoire de faire comme tout le monde, pour le plaisir de crier aussi et puis elle profitera de la baignade de ses sœurs pour jouer toute seule avec les seaux, le rateau et sa nouvelle pelle…

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Mes filles ont un gros avantage. Autant elles aiment jouer ensemble, autant elles aiment jouer toutes seules. Aucune des deux choses ne leur pose de problème, et si l’une s’éloigne, les deux autres n’en prennent pas ombrage. Elles respectent. Et je bénis cela. Moi, petite, j’aimais jouer seule, me raconter des histoires, rêvasser. Ma sœur A., celle qui me suis, ne savait ni rêver ni jouer toute seule. Il fallait obligatoirement que je joue avec elle. Je ne pouvais pas y couper. Si je refusais, elle allait raconter ça à ma mère et je devais abandonner mes livres, mes rêves, mes occupations pour jouer avec elle.

219-1952_img_2Léone construit donc des châteaux. Enfin, elle fait des pâtés. Elle remplit son seau, le renverse, puis s’amuse à monter dessus en prenant des poses. Léone n’oublie jamais rien de ce qu’elle voit. A la fête de l’école de Lou, juste avant les vacances, elle a vu une exhibition de gym dans laquelle les élèves faisaient des figures, grimpés les uns sur les autres. Léone avait l’air passionnée en regardant le spectacle. Elle essaie de reproduire les poses juchée sur son seau. Et se marre quand elle perd l‘équilibre et tombe sur le sable.

Maman et moi avons amené nos journaux. Mais nous n’avons pas trop le temps de lire… Il faut surveiller les mouflettes. Deux dans l’eau, une sur le sable, cela demande de la vigilance. Nous en profitons tout de même pour papoter. Un an que nous n’en avions pas vraiment eu l’occasion. Quand maman est montée à Paris, c’était pour s’occuper de sa mère et elle n’avait eu le temps que de passer un déjeuner avec toute la famille. Elle avait consacré ce peu de temps à ces petites filles, ce qui est bien normal.

Alors nous devisons tranquillement, elle les pieds dans le sable, moi les fesses. Il fait bon, nous prenons le soleil. Je surveille que Garance ne prenne pas de coup de soleil. Et puis, comme l’autre fois, les filles se lasse. Garance la première. Elle claque des dents et vient se réchauffer dans mes bras. Ce qu’elle gagne en degré, c’est moi qui le perd. Elle est glacée. Je la frotte avec la grande serviette et la rhabille le plus vite possible. Lou préfère rester en maillot de bain. Léone aussi. Les trois s’activent autour de nous et nous sommes obligées de les envoyer jouer plus loin car elle nous envoient du sable dans la figure…

Voila, ça c’est ce que j’appelle de vraie vacances, les doigts de pied en éventail. Le cul dans le sable, à discuter en regardant la mer (et les filles), les enfants en train de s’éclater comme des malades. Il y a des moments où je me dis que je passerai bien ma vie comme ça. Et puis à d’autres ou je subodore que je pourrais finir par m’ennuyer…

Ce qui m’éclate c’est de voir les petites s’agiter. Elle n’arrêtent jamais. Toujours en mouvement, à construire, creuser, détruire, arroser, mouiller, construire à nouveau. De vraies petites abeilles industrieuses. Lou retourne se baigner plusieurs fois sous le prétexte de se rincer. Je finis par me lever, pour aller tremper mon pied. Mais ce sera comme en début de semaine, un bain de pieds. Trop de vent dehors pour avoir envie d’affronter le froidure de l’eau.

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A 18 heures, nous commençons à battre le rappel. Je rhabille Léone, Lou retourne à l’eau pour rincer les jeux les maillots, sa planche… Le bon prétexte. Elle se change en dernier. Nous remballons tout dans la voiture et rentrons tranquillement à la maison. Je trouve une place en bas de chez maman. Que demande le peuple !

Nous envoyons les trois mousmées au bain, histoire d’être tranquilles une bonne demi-heure. Qu’elles se dessalent un peu, elles en ont bien besoin. Pendant ce temps, tout en grignotant du saucisson, nous préparons le dîner. Puis je vais m’affaler dans le canapé. C’est fou la forme que je me tiens. Je transfère les photos sur l’ordi. Je n’en ai pas fait beaucoup avec le numérique.

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Les filles sortent de la salle de bains, propres comme un sou neuf, nous nous improvisons un apéritif avec de la bière pour moi, du jus de pomme pour maman et mes filles. C’est bon. Je consulte les guides récoltés l’autre jour à l’Office de Tourisme. J’ai dans l’idée d’aller dans le Sud. Il y a des marais là bas, un réserve naturelle. Maman me dit que sans guide, on s’y perd facilement. Comme nous n’avons rien préparé ni réservé, cela me refroidit un peu. Mais il y a l’air d’y avoir des plages assez jolies et des petits villages agréables à regarder. On verra bien. Nous partirons à l’aventure une fois de plus.

Ce soir, il n’y a besoin de bercer personne. Et si Léone veut bien passer une nuit complète sans faire de cauchemar et réclamer les bras de maman, tout ira pour le mieux. Ah ben c’est raté. Nous finissons la nuit à trois dans le lit…

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