Terres du son deuxième jour

Laure Colmant

Terres du son deuxième jour

Terres du son deuxième jour

Laure Colmant
Photos : Laure Colmant
16 décembre 2016

Les festival Terres du son, cela dure trois jours. Le samedi c’est souvent celui où il y a le plus de monde, des familles, des copains en goguette. Bref, une sacrée ambiance.

Hindi Zhara donne son concert à 16h30. Ce qui n’emballe pas mes filles. Nous partons en retard et je dois encore récupérer mon appareil photo confié à une amie de Garance qui dort sur place. Elle nous a appelé pour nous prévenir qu’il y avait là aussi des fouilles pour rejoindre l’aire des concerts… Les temps sont compliqués…

Nous la rejoignons et l’accompagnons au camping du Festival. Je n’y aurai pas mis les pieds sans cette occasion. Il est situé tout en bas d’une descente qui va falloir remonter. Ça doit être intéressant en tant de pluie. J’ai une vision assez apocalyptique du camping depuis une expérience malheureuse un mois d’aout au bord de la Manche où il faisait 12 °C et alors qu’il n’arrêtait pas de pleuvoir. Ce que je découvre ne me fera pas changer d’avis. Je ne sais pas si c’est la prairie qui est trop petite ou si les tentes sont trop nombreuses mais elles sont si serrés qu’elles se chevauchent. Vu le nombre de cadavres qui s’amoncellent (bouteilles et cannettes), je ne sais pas si on dort vraiment beaucoup, ici, la nuit. Bref, c’est vraiment pas pour moi…

Nous remontons. Il y a effectivement un barrage. Garance a planqué l’objectif dans son kigu et l’homme qui ausculte son sac ne lui demande pas de le dérouler. Comme la veille, c’est la femme qui semble la plus minutieuse. Elle me fouille, retourne mon sac, me palpe. Je ne suis franchement pas fan de ce genre de familiarités. Outre le problème de l’appareil photo, je supporte mal les fouilles corporelles. Même si je sais que c’est pour la bonne cause. Que la menace est réelle. Alors j’essaie de prendre cela dans la joie et la bonne humeur et surtout j’arrive à esquisser un mouvement qui lui fait louper mon boîtier. Mais je me dis que tout ça pour arriver à prendre des photos, c’est quand même démesurer. D’autant qu’une fois sur l’aire des concerts, au pied des scène, personne ne fera plus attention à l’appareil photo et surtout pas les organisateurs du festival. Alors pourquoi ?

Hindi Zahra

La belle Hindi Zahra

Avec toutes ces péripéties, arrive ce que je craignais. J’arrive devant la scène d’Hindi Zhara pour entendre ses deux dernières chanson. Elle fait partie de ces artistes dont je n’achèterai pas forcément le disque – j’en ai tellement qu’il faut vraiment un très gros coup de cœur pour acheter un CD –, mis dont je reste curieuse. Et je ne connais pas de meilleur moyen de découvrir un artiste que lorsqu’il est sur scène. Les orchestrations sont différentes, il y a quelque chose de brut, moins dans la joliesse, plus dans la vérité, une vérité qui fait que l’on redécouvre les morceaux. Qu’on se sent plus près de la vérité de l’artiste. Enfin, pas tous… Il y a aussi une question de gnérosité.

C’est pour cela que je voulais voir cette jeune femme sur scène. Voir si elle n’était pas un produit supplémentaire de la world. Mais deux morceaux, c’est vraiment trop court pour une rencontre. Je reste avec ma curiosité. Une autre fois.

Je rejoins les filles sous le chapiteau où va avoir lieu le concert de Toukan Toukan. Un bassiste, un percussioniste, une chanteuse et beaucoup, beaucoup d’ordinateurs. Les deux garçons aborent des cagoules ornées d’un gros bec. La jeune fille des plumes noires sur les épaules. Ça ne fait pas le spectacle. Je ne suis pas fan. Elle adopte une voix de chanteuse coréenne. Les fans de K-pop doivent apprécier. Et la musique n’a rien de novatrice. J’ai entendu cela mille fois.

Terres du son, 12e édition – 2016 – Jour 2
Terres du son, 12e édition – 2016 – Jour 2
Terres du son, 12e édition – 2016 – Jour 2

On commence à s’ennuyer ferme quand, coup du sort, ou de la chaleur, l’informatique fait des siennes. Les ordinateurs se mettent en rideau. Aucun des trois n’est alors susceptible d’improviser. Heureusement, un de leur copain beatboxer vient nous occuper en faisant le zouave. D’abord avec la chanteuse, qui ne tient pas le rythme, ensuite avec le bassiste, celui qui ressemble le plus à un vrai musicien. Et là ! magique ! C’est drôle, sympa, intéressant. La chanteuse prend une voix beaucoup plus basse et du coup plus belle, le bassiste se révèle franchement bon et le beatboxeurs est drôle et talentueux. La réaction est nette dans le public, ça se trémousse. Pour un peu on danserait. Hélas, l’électronique repart. Retour à l’ennui. Je me sauve.

Terres du son, 12e édition - 2016 – Jour 2

Beatboxer en folie

Je vais faire le pieds de grue devant la scène Gingko en attendant Brigitte. Je n’ai pas aimé leur dernier disque. Mais j’ai envie de les voir sur scène car je les sais performeuses. De fait, je ne vais pas le regretter. La scène est décorée de façon kitchissisme. Faux palmiers dorés, plantes dorées, statue de panthère et de tigre… la totale.

Les musiciens entrent, cheveux noirs coupés au carré  sur les épaules et masque blanc. C’est marrant. Surtout le guitariste, plutôt petit et râblé, pas trop le physique Brigitte. Et puis les divas arrivent. Long fourreau noir à paillettes, fendu jusqu’à la hanche, joli décolleté dans le dos. Et jolie perruque blonde au carré impeccable qui tombe sur les épaules. Ultraféminines jusqu’au bout des ongles vernis.

Le show commence. Le duo s’en donne à cœur joie. Voix impeccables, gestuelle sensuelle, provoc mais pas trop, humour et second degré, tendresse aussi. Je retrouve l’ambiance du féminisme de ma jeunesse quand les femmes se revendiquaient libres : mères ET putes, ou pas… En les regardant je repense à cette phrase : les petites filles sages vont au paradis. Les autres où elles veulent. Et les Brigitte voyagent beaucoup.

Le final arrivent. Elles lancent leur fameux « battez-vous ». Tout au long, elles auront été belles, généreuses. Elle ne viennent pas faire un boulot. Elles viennent donner de l’amour et en recevoir. Malheureusement, ce n’est pas le cas de tous les artistes de la soirée.

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